Mieux vaut en rire, 30 avril 2020

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Apostrophes

30 avril
Aujourd’hui, évitons les sujets qui fâchent. Car, comme le faisait remarquer quelqu’un, y en a marre « en ces temps de démocratie médiatique, de réseaux pas très sociaux mais très colériques, d’immédiateté nerveuse ».
Donc je me contenterais de vous faire quelques suggestions de lecture « pour, selon Alain Damasio, articuler une approche rationnelle vite asséchante à des imaginaires « empuissantant ». J’entends : des idées, des sensations, des perceptions qui nous arrachent à nos habitudes, redonnent une puissance à nos désirs mutilés ; des univers qui activent l’envie de vivre autrement en prenant ce monde ci à bras-le-corps. Parce qu’un récit a cette faculté de mettre en scène des personnages auxquels on s’identifie et qui deviennent des vecteurs affectifs qui nous engagent : à partir du moment où l’on s’identifie à un personnage, on va ressentir ce que le personnage éprouve ».
Si vous avez tendance à broyer du noir, je renouvelle ma proposition de vous plonger dans les Mille et une nuits, cela vous laissera le temps de voir venir.
Pour ceux qui n’ont pas le bonheur d’être entourés d’une marmaille piaffant, gesticulant et criaillant, d’un compagnon ou d’une compagne mélancolique, hypocondriaque ou claustrophobe, rien de mieux que Cent ans de solitude.
Il y aussi ceux qui, nonobstant toute rigueur morale, sont prêts à se vautrer dans le stupre et la fornication, au mépris des injonctions de Me#Too. Les 120 journées de Sodome sont pour eux.
De moins libertins, bien que dépourvus d’ausweis, pourront faire Le tour du monde en 80 jours pour vérifier de visu que l’Islande et la Nouvelle Zélande sont bien des Havre de tranquillité.
Quant à ceux qui, un peu tête en l’air et avides de grands espaces désencombrés de toute navigation aérienne, voudraient profiter des circonstances, ils passeront Cinq semaines en ballon.
Les plus pressés qui font compulsivement des barres sur leur almanach de la poste se contenteront de Vingt quatre heures dans la vie d’une femme.
J’ai gardé pour la fin Le zéro et l’infini que je n’ai pas lu, dans lequel, d’après la notice, les personnages finissent par reconnaitre publiquement leurs torts et à trouver juste leur châtiment.
Stop. Voilà que je retombe dans le travers dénoncé par le généralissime. Et heureusement qu’il nous reste, dans ce pays le droit d’éreinter nos dirigeants en prenant moins de risques qu’à brocarder les roitelets de microcosmes lilliputiens à la morgue patibulaire.