27 avril
Aujourd’hui, il faut bien l’admettre, tout se déglingue autour de nous, le monde est cul par-dessus tête. Alors autant en profiter pour s’évader le
temps d’une soirée avec quarante artistes du bel canto, confinés de ci de là, réunis par le miracle de Skype, quatre heures durant, à l’initiative du Met. Performance saisissante, la
qualité hifi en moins, mais ne boudons pas notre plaisir. Commencer avec Peter Mattei, au bord d’un lac suédois, nous chanter un air de Don Giovanni, accompagné par un accordéoniste à
défaut d’avoir une mandoline sous la main, voir Roberto Alagna faire le pitre dans sa maison du 93 sur un air de l’Elisire d’amore avait quelque chose de réjouissant. Renée Flemming,
en pleurs à la fin de son Ave Maria et Joyce Didonato pour un Memento en hommage à un musicien emporté par le Covid, sont venues casser l’ambiance. Heureusement Jonas Kaufmann, en
pull et jean, puis Elīna Garanča, « l’amour est un oiseau rebelle », Sonya Yoncheva en robe de soirée blanche à liserais noirs, Nadine Sierra, très Mimi, Diana Damrau, dans sa cuisine
avec mari et enfants, Isabel Leonard en West Side Story ramenaient un peu de sérénité. Et quel spectacle ces 90 musiciens et choristes avec leur chef dans 90 petites fenêtres sur nos
écrans interpréter Le chœur des esclaves, véritable hymne contre l’oppression « va pensiero… ». Et pour clore la soirée, la diva Anna Netrebko, tragique, sur un air de Rachmaninov,
extrait de l’Ile des morts (?), lugubre, nous ramenait à notre réalité.
Alors autant aller faire un tour en Nouvelle-Zélande, par le biais d’un documentaire sur Arte, gratuitement, pas comme ces fortunés prêts à payer une
fortune un passeport pour ce pays devenu un havre de tranquillité et renvoyés dans leurs foyers par Jacinda Arden, vous savez, la première ministre compétente, elle. Bref, le kiwi,
animal emblématique, en voie de disparition grâce à l’intervention de l’homme, est devenu une espèce protégée et prospère à nouveau. Donc, si demain il faut protéger l’espèce humaine
on saura comment faire. Souriez un peu, voyons.
Et écoutez, « udite, udite », l’air des charlatans de l’Elisire d’amore :
« Je suppose et j’imagine que vous savez aussi bien que moi que je suis l’illustre médecin…bienfaiteur des hommes, réparateur des maux, en peu de jours,
je vide, je débarrasse les hôpitaux et je vais par le monde entier vendre la santé… »