26 avril
Aujourd’hui enfin une bonne nouvelle. Le Figolu revient. Ce merveilleux biscuit sablé fourré à la figue, disparu de nos étalages depuis plusieurs années va être
remis sur le marché, incessamment sous peu et distribué progressivement, à la manière des masques, à partir d’une recette retravaillée, sans colorants, sans arôme ajouté, sans conservateur, avec
26% de figues en plus. Même Greta pourra en manger sans crainte. Les scientifiques qui ont conçu le nouveau Figolu, se sont rapprochés le plus possible de la recette originale, un peu comme pour un virus qui muterait.
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, voilà que l’INA vient de créer une chaine Madelen (la discrète allusion à Proust ne vous aura pas échappé) dédiée à la rediffusion de l’Ile aux
enfants avec Casimir, le virus gentil, et Bonsoir les petits, avec Nounours, rescapé de la fureur des éleveurs pyrénéens.
Que mille colibris me prêtent leurs ailes qui leur servent, comme chacun sait, à voler en arrière, me permettant ainsi de regarder le passé.
C’était au temps où Pompidou récitait Eluard en pleine conférence de presse. Anna Karina n’savait pas quoi faire. Et les Stones chantaient, déjà, Satisfaction. On mangeait du poulet aux hormones
à Nanterre et on rêvait d’Amour et d’Anarchie. Le Gorille avait mauvaise réputation et, dans le port d’Amsterdam, les marins ramenaient leur batave jusqu’en pleine lumière. Une Emmanuelle
fantasmagorique, en son fauteuil Pomare, nous lorgnait en taille XXXL. Visconti faisait valser Angelica avec le prince Salina sous les yeux de Tancrède. Madame Soleil ne discernait rien
d’invisible, d’imprévisible, de redoutable.
De quoi seront faits les souvenirs de nos petits-enfants ? De très grandes vacances, de masques en-dehors de carnaval, de lavage de mains qui n’étaient même pas sales ? De grands-parents que l’on
visite derrière une vitre comme des pangolins au Jardin d’acclimatation ? Ils conjugueront le verbe confiner au plus -que- parfait du subjonctif et liront La machine à explorer le temps, qui leur
racontera que les descendants des hommes habitent une Terre devenue un paradis.
Dis, quand reviendras-tu ? Quand nous aurons enfin donné un grand coup de balai au marchand de sable et que nous pourrons à nouveau nous goinfrer de Figolu, bien calés entre Nicolas et
Pimprenelle.
Dis, quand reviendras-tu ?
Dis, au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu ne se rattrape plus