Mieux vaut en rire, 24 avril 2020

Piano Forte
Piano Forte

24 avril

Aujourd’hui, si nous allions à l’opéra ? Il ne faut pas manquer d’air pour parler d’opéra en plein confinement. Elitaire en plus. Ce point est discutable. Il suffit de voir cette séquence dans laquelle le public de la Scala reprend en chœur l’air des esclaves de Nabucco et encouragé par le maestro Riccardo Muti proteste contre les coupes sombres du budget de la Culture à l’époque Berlusconienne.
Pendant cette période de confinement où les artistes ne peuvent pas se produire et où le public ne peut pas se déplacer on peut assister, bien calé dans son fauteuil, sans aggraver son empreinte carbone, à la retransmission d’une œuvre donnée à New York ou à Bastille sans un sous délier. Vos moyens de ne vous le permettaient pas, soit, mais, aujourd’hui, avec une connexion internet, vous êtes assis aux premières loges. Et pas besoin de jumelles de théâtre, les caméras vous donnent une vue d’ensemble de la scène et font des gros plans sur les chanteurs. Et pour les paroles, pas de problèmes vous avez les sous-titres au bas de votre écran. On ne les comprend pas toujours, il est vrai, même dans une œuvre en français, d’autant que le plus souvent les chanteurs ne connaissent pas celle qu’ils sont en train de chanter et l’ont mémorisée phonétiquement.
C’était le cas hier soir, pour la diffusion de Contes d’Hoffman d’Offenbach avec pour inconvénient supplémentaire que le Metropolitan Opera de New-York n’ajoute que des sous-titres en anglais. Mais qu’importe, vous n’avez qu’à consulter le synopsis pour ne rien perdre des méandres de ce conte fantastique. Et, ce qui compte c’est la musique, les voix, la mise en scène. Pour ce qui est des voix et du jeu dramatique on était servi. Nous avons tous nos préférences naturellement, les miennes vont aux chanteuses. Hier soir Kate Lindsey et la divine Anna Netrebko étaient un enchantement. L’enregistrement était de 2009 et, depuis, le chef est passé à la trappe de #Me Too, ; inutile de retenir son nom.
La machinerie du MET est énorme, il ne faut pas décevoir le public habitué à la profusion, on ne lésine ni sur les décors, le nombre des figurants, la qualité des costumes. Toujours au service des grands talents.
Que restera-t-il demain de tout le spectacle vivant, à travers le monde ? Uniquement des retransmissions sur internet ou à la télé ? « Va, pensiero… »

PS Demain, le MET, diffusera en direct un gala virtuel de 40 artistes.