Mieux vaut en rire, 21 avril 2020

même ce qui existe n’existe pas
même ce qui existe n’existe pas

21 avril

Aujourd’hui, je me suis souvenu de Wakefield, le personnage -qui donne son titre à la nouvelle de Nathaniel Hawthorne (1835), - qui abandonne sa femme en lui faisant croire qu’il s’absente une semaine et emménage dans la rue d’à côté pour finalement revenir vingt ans après comme si de ne rien n’était. C’est pousser le confinement un peu loin tout de même.

En 2017, Javier Marias reprend ce scénario à sa manière en le complexifiant et donne un premier rôle à l’épouse délaissée, Berta Isla (c’est aussi le titre du roman) et en faisant dire à son mari « Dans ce monde d’imposture, même ce qui existe n’existe pas ». Phrase qui pourrait définir nos jours d’incertitude.

Javier Marias justement dans une interview dans laquelle il évoque sa vie de confiné nous livre quelques conseils de lecture. Eviter La peste ou la Montagne magique qui nous renvoient trop à la situation actuelle, et choisir « des romans qui nous placent dans des univers qui nous permettent de nous évader » tels que Le comte de Monte Cristo ou n’importe quel roman de Conrad.

Puisqu’il nous laisse le choix, je prendrai Nostromo, de quoi être occupé pour un moment. Livre réputé difficile à résumer tant il se déploie comme une toile d’araignée. Nostromo, le personnage, a été inspiré à Conrad par la figure de l’un de ses amis, rencontré durant ses pérégrinations de jeunesse, Dominique Cervoni, natif de Luri. Mais si les 538 pages du roman vous font un peu peur vous pouvez vous rabattre sur les nouvelles, Le planteur de Malata ou Freya des sept îles. Javier Marias a raison n’importe quel roman de Conrad fait toujours l’affaire.

Wakefield, Nostromo, Berta Isla mon trio de tête pour aujourd’hui et chacun peut faire sa propre liste.

Le secteur de l’édition est en panne dans la situation actuelle. La parution de nouveautés est remise à des jours meilleurs. Profitons-en pour écluser les piles de livres achetés dans l’urgence et qui attendent toujours d’être ouverts ou pour en relire d’autres que l’on s’était toujours promis de relire sans avoir jamais le temps de le faire.

Et bientôt il faudra courir vers nos petites librairies pour les réanimer en se promettant bien de ne plus rien acheter chez Amazon and Co. Votre libraire s’il n’a pas en stock le livre que vous cherchez se fera un plaisir de vous le commander illico.