15 avril,
2120
Aujourd’hui, conte drolatique.
Vous pourrez lire ci-dessous la première partie du compte-rendu exhaustif et véridique de la séance plénière de l’assemblée générale plénière de l’ONU, Organisation Naturelle des
Ursidés, présidée par le doyen des ours qui, après quelques mots de bienvenues à tous les participants, donne la parole aux différents représentants en leur demandant d’être
clairs, nets, précis sans s’éterniser en vaines palabres, broutilles secondaires, boniments superfétatoires.
Le premier à monter à la tribune est l’ours Grizzly :
-Dans notre région, au milieu des conifères et des érables, la vie est des plus agréables et nous ne saurions nous plaindre de quoi que ce soit. D’un océan à l’autre nous pouvons
vagabonder sans crainte aucune, ni des trappeurs ni des braconniers. Seul bémol, il nous arrive de nous prendre les pieds dans d’anciens vestiges de tours jumelles, de blanches
maisons et de pipeline. Mais nous avons remis en état des parcs d’attraction abandonnés pour que nos enfants puissent s’égayer avec des souris et des faons. Le dernier des
Mohicans a trouvé une compagne et ils ont eu la chance de procréer une gentille progéniture qui vit en bonne intelligence avec nous malgré quelques incidents de frontière à
proximité des arbres à miel. Je vous remercie de votre attention.
La parole est à l’ours à lunettes :
-Merci, président. J’essaierai d’être concis et éviterai toute circonlocution. Les lunettes dont la nature m’a doté me permettent une acuité incomparable. Et je puis vous assurer
qu’aucun animalcule redoutable, invisible, imprévisible ne nous menace. Les chauve-souris vaquent à leurs affaires et ne nous importunent point avec leurs postillons. Néanmoins
nous avons dû nous résoudre à isoler, au milieu de nulle part, le pangolin limonat qui s’obstinait à nous seriner ses palinodies dysharmoniques. Quelque bipèdes vont et viennent,
par ci, par là ramassant du métal doré et des pierres de couleur qu’ils s’empressent d’offrir à leurs compagnes. Voilà tout ce que j’avais à vous dire.
Il va se rasseoir, tandis que le président, en marche pour se dégourdir les jambes, annonce une courte suspension de séance, avant de donner la parole, exceptionnellement et en
vertu des pouvoirs discrétionnaires que lui a accordé l’assemblée, à la petite oursonne qui la réclamait à corps et à cris avec sa petite pancarte accrochée autour du cou.
La suite au prochain numéro où nous découvrirons ce qu’elle brûle tant d’envie de révéler à la docte assemblée.