Mieux vaut en rire, 14 avril 2020

14 avril
Aujourd’hui 14 avril, ça fait juste un mois que j’ai commencé cette publication. Je suis parti avec la naïveté du néophyte s’élançant au premier kilomètre d’un marathon en ignorant qu’il en aura une quarantaine à parcourir. Mais d’aventures en aventures, de marathons en marathons, j’ignore quand nous passerons la ligne d’arrivée.
Pendant ce temps les vrais écrivains, ou prétendus tels, pas ceux qui ont quitté Paris « observer le camélia en fleurs autour de leur maison de campagne », se sont engouffrés dans la brèche de leur inspiration pour nous livrer sous copyright le fruit de leurs réflexions.
Il me revient en mémoire un article concernant Henri-Frédéric Amiel (1821-1881), écrivain et philosophe suisse bien connu ( !?). Je me suis contenté de sa notice Wikipédia : « sa postérité vint grâce à son monumental journal intime de 16847 pages qu’il tint de ses 18 ans jusqu’à sa mort. » Que pouvait-il bien raconter de sa vie à Genève qu’il n’a jamais quitté où, durant cette période, il ne s’est absolument rien passé, ni guerre, ni révolution, ni épidémie. Il doit sa célébrité à une chanson patriotique militariste « roulez, tambours » écrite sous la menace d’une guerre helvetico-prusse qui n’eut pas lieu :« Rugis tocsin, pour la guerre sacrée/A l’étranger renvoyons ses défis ». Et le reste à l’avenant. La notice nous apprend également que l’on trouve dans son journal cette phrase fameuse « Chaque paysage est un état d’âme ». 6 mots pour presque 17000 pages !
Ça vaut bien « le virus redoutable et invisible, imprévisible » qui nous a été servi hier soir en préambule au Diner de cons diffusé ensuite.
Pas un mot sur la réquisition de toutes les entreprises du textile susceptibles de produire en France suffisamment de masques sans qu’il soit besoin d’en acheter ailleurs. Ni sur l’obligatoire coopération de tous les laboratoires du monde pour élaborer rapidement un vaccin afin d’éviter que tel ou tel ne fasse sa fortune sur notre dos.
Tout espoir n’est pas perdu. Nous lirons bientôt, n’en doutons pas, non les journaux de confinement, vite effacés des mémoires, qui n’ont d’autre intérêt que de faire passer le temps à ceux qui les écrivent (je puis en témoigner), mais de grandes et belles œuvres qui nous feront rire et pleurer, qui nous distrairont et nous instruiront, nous émouvront et nous consoleront, nous évaderont et nous feront rêver.