13 avril,
Aujourd’hui, je reviens avec mon histoire d’ours parce que vendredi, lorsque
j’ai évoqué la fin de son hibernation j’ignorais que le jour même, étrange coïncidence, on apprendrait la découverte de la mort de l’un d’eux, dénommé Cachou, pour une raison inconnue, dans les
Pyrénées. Cette nouvelle est passée inaperçue dans une période où l’on déplore le décès de milliers d’êtres humains et c’est bien normal.
Et nous évitons le scénario du pire selon Thomas Piketty : «
sans intervention, le covid-19 aurait pu
causer la mort de quelque 40 millions de personnes dans le monde ».
Et cela n’est encore rien d’après Déon Meyer, écrivain sud-africain qui décrit un monde où un virus vient de décimer 95% de la population, dans un roman de science-fiction de 2017, L’année du
lion, que j’avoue n’avoir pas lu. Dans un entretien du 11 avril on peut lire qu’il avait fait valider, scientifiquement, pour écrire son livre que le coronavirus était bien l’agent le plus
dangereux pour la race humaine.
Enfin, Pablo Servigne, l’un des principaux théoriciens de la collapsologie : « c’est paradoxal : j’anticipais beaucoup de graves crises, en particulier financière, climatique ou énergétique, mais
celle-là, je ne l’ai pas vu venir, alors que je la connaissais en théorie. J’ai « lissé » ma présentation des risques…parce que les pandémies font très peur ».
Donc, non seulement cette crise était prévisible mais était prévue par des économistes, des chercheurs, des scientifiques de toutes disciplines. Et, il me parait raisonnable de penser que tous
ont dû en avertir, depuis longtemps, les autorités politiques, sanitaires, du monde entier.
Il se trouve qu’aucun n’a tenu compte de ces informations, qu’on a laissé les populations sans défense alors qu’on vient maintenant leur dire que nous sommes en guerre. Si guerre il y a, une
guerre ça se prépare autrement qu’en désarmant les hôpitaux, en ne faisant pas de stocks de masques et de gants.
A quoi sont dus cette insouciance, ces négligences, cette incurie ?
Roberto Saviano, hier : « Vu la tournure tragique des événements, le risque, c’est que ceux qui ont fait ces choix stratégiques criminels occultent leurs propres responsabilités. Mais bientôt
viendra le temps des poursuites à l’encontre de tous ceux qui ont manqué à leurs devoirs. »
Faudra-il s’en remettre à la bienveillance d’un hypothétique créateur pour réimplanter l’espèce humaine comme nous tentons en vain de réimplanter l’ours dans les Pyrénées ?